Alors que le secteur de la construction a tout à gagner des processus Hors-site, on peut considérer que la préfabrication existe déjà dans la nature.
STEVEN WARE,
Associé et directeur
de la R&D de l’agence
Art & Build Architects
La nature revient en premier plan comme source d’inspiration pour les designers du monde entier. Partout dans le monde, des bâtiments et même des villes aspirent à se rapprocher de la nature grâce au design, inspiré par l’observation des phénomènes naturels. Le biomimétisme évolue rapidement pour devenir une méthode de conception reconnue, une nouvelle approche plus factuelle qui s’inscrit dans la longue tradition des concepteurs inspirés par la nature comme Léonard de Vinci, Vladimir Tatlin, Antoni Gaudí et Frei Otto.
La définition de l’ISO* est la suivante : « La biomimétique est considérée comme le transfert de méthodes de recherche et de développement intéressantes vers des applications pratiques et qui utilise les connaissances acquises grâce à l’analyse des systèmes biologiques pour trouver des solutions à des problèmes, créer de nouvelles inventions et innovations, et pour transférer ces connaissances à des systèmes techniques. »
Il existe une conception commune de la préfabrication en architecture comme un contre-processus au processus « naturel » de conception. Dans certains milieux, elle est jugée sévèrement comme l’extension d’une industrialisation croissante et de l’imposition des chaînes de fabrication optimisée. Pour de nombreux designers contemporains, le terme « préfabriqué » évoque des images de monotonie répétitive et non contextuelle.
Il s’agit peut-être d’un réflexe qui découle de nos racines Beaux-Arts qui ont traditionnellement fait appel au contexte social et urbain pour s’adresser à la spécificité du site, puis encourager la symétrie en tant que règle géométrique incontestable – inspirée d’ailleurs par la symétrie naturelle des organismes vivants – et ensuite passer à l’expression du symbolisme à travers la séquence spatiale, le rythme et le détail. La conception suit donc de nombreux principes « naturels », les organismes vivants étant le résultat de conditions contextuelles, de lois géométriques incontestées, voire d’une expression symbolique.
Il est difficile de se défaire de ces habitudes, car la pratique architecturale a toujours oscillé entre l’importation d’idées et la prise en compte du contexte spécifique du site. Mais les tendances architecturales évoluent, et l’architecture modulaire des années 1960 et 1970 est en train d’être revisitée afin de lui conférer un aspect contemporain, parfois futuriste. Notre conscience collective et nos jugements esthétiques sont principalement liés à la façon dont nous percevons le monde. Les êtres vivants apparaissent comme des individus autonomes – arbres, insectes, poissons – équipés de dispositifs de capture d’énergie comme les feuilles, ou de dispositifs de mobilité comme les ailes, les nageoires ou les jambes qui les aident à trouver de la nourriture et à survivre. La plupart des espèces sont … (suite de l’article dans le magazine N°12)